Depuis la fin du XIIe siècle, les batiments du Louvre dominent le c?ur de Paris ; situés aux limites de la ville, ils ont été peu à peu rattrapés par elle puis englobés en son centre. Dans le même temps, la sombre forteresse des débuts effectuait sa mutation pour devenir la résidence modernisée d'un Fran?ois Ier puis le somptueux palais du Roi-Soleil. C'est l'histoire de cet édifice et du musée qui à partir de 1793 en a occupé les salles que nous vous proposons d'explorer.
Les quarante-trois années du règne de Philippe Auguste (1180 à 1223) marquent un renforcement considérable du pouvoir monarchique à l'intérieur comme à l'extérieur du royaume. Paris, première ville du continent, est dotée d'une nouvelle et puissante enceinte fortifiée à partir de 1190 et le roi décide de la renforcer, à l'ouest, par une protection supplémentaire. Le chateau du Louvre na?t alors, aux portes d'une cité qu'il est censé protéger du danger anglo-normand.
Le Louvre au temps de Philippe Auguste
Musée du Louvre / P. Philibert
Construit par Philippe Auguste à partir de 1190, le chateau, quadrilatère de 78 x 72 m ceinturé de fossés, n'est pas une résidence royale mais un arsenal. Des tours circulaires protègent les angles et le centre des faces nord et ouest. A l'est et au sud, deux portes d'accès sont encadrées de tours défensives. Au centre, la ? grosse tour ?, donjon de 15 m de diamètre, domine le quartier du haut de ses 30 m. Deux batiments sont accolés au mur d'enceinte, à l'ouest et sud de la cour.
Louvre médiéval - crypte Sully
Musée du Louvre / A. Dequier
La ? Salle Basse ? est le seul vestige des intérieurs du Louvre médiéval mais sa fonction d'origine reste inconnue. Ses vo?tes, à présent détruites, reposaient sur deux colonnes placées au centre de la salle ainsi que sur des supports muraux. Dans son état actuel, les vo?tements, colonnes et corbeaux remontent aux années 1230-1240 et ont été insérés dans la ma?onnerie antérieure.
Enceinte de Charles V, XIVe siècle
Musée du Louvre / D. R.
Au milieu du XIVe siècle, Paris se développe largement à l'extérieur du mur de Philippe Auguste. Lors de la guerre de cent ans, il est à nouveau nécessaire de protéger la capitale du royaume. Etienne Marcel, prév?t des marchands, commence l'édification d'un rempart de terre (1356-1358) développé et continué par Charles V : la nouvelle enceinte ceinture les quartiers de la rive droite. Enfermé à l'intérieur de la ville, le Louvre perd son r?le protecteur.
Travaux de Raymond du Temple A partir de 1364, sous Charles V, le chateau défensif devient, grace à l'architecte Raymond du Temple, une somptueuse résidence royale. Miniatures et tableaux nous donnent une image merveilleuse des toitures ornées de décors. Les logis autour de la cour centrale sont percés de larges fenêtres sculptées. La grande vis, majestueux escalier, dessert les étages des nouveaux édifices. On ajoute un jardin d'agrément au nord. Les intérieurs sont ornés de sculptures, de tapisseries et de boiseries.
Louvre médiéval - Vestiges des fossés du Louvre de Philippe Auguste et de Charles V, XIIe au XIVe siècle
Musée du Louvre / A. Dequier
A la mort de Charles VI, le Louvre s'endort pendant un siècle. Fran?ois Ier le sort du sommeil en décidant, en 1527, de se réinstaller à Paris. Pour donner air et lumière au chateau destiné à accueillir le roi, on démolit la Grosse tour : le Louvre médiéval laisse place à celui de la Renaissance.
La démolition de la Grosse Tour marque le début de travaux qui vont se poursuivre jusque sous Louis XIV. Le chateau renaissant de Fran?ois Ier sera complété par Henri II et ses fils jusqu'à ce que la construction du palais des Tuileries modifie sensiblement la donne : situé à environ 500 mètres du Louvre, les rois n'auront alors de cesse de relier les deux édifices l'un à l'autre par un passage direct : le grand dessein concrétisera ce souhait par l'aménagement de la Grande galerie.
Gravure de la tribune des Caryatides, par Androuet du Cerceau
BNF
Le chateau de Charles V même transformé ne suffisant plus, Fran?ois Ier décide en 1546 la construction d'un nouvel édifice. L'aile ouest médiévale est démolie et remplacée par un batiment de style Renaissance con?u par Pierre Lescot et décoré par Jean Goujon. C'est Henri II qui mène les travaux : il ordonne l'aménagement, au rez-de-chaussée, de la salle des Caryatides et après la démolition de l'aile sud du chateau médiéval, une nouvelle aile est érigée. Le Pavillon du Roi avec, au premier étage, l'appartement du souverain, sert de point de jonction entre les nouveaux batiments. Les fa?ades uniformes de ces édifices sont une référence pour le style renaissant à Paris ; leur décor sera achevé plus tard, sous Henri IV.
Vue cavalière du quartier du Louvre et des Tuileries, dite Plan de Mérian, 1615
Musée du Louvre, Section Histoire du Louvre, fonds gravures / P. Philibert
Dans la seconde moitié du XVIe siècle, le Louvre est un palais étonnant qui juxtapose des parties neuves, d'autres en voie d'achèvement et certaines à demi ruinées car vieilles de plus de deux siècles. Catherine de Médicis, veuve d'Henri II, supporte mal son inconfort comme les bruits et les odeurs de la ville ; elle décide la construction, plus à l'ouest, du chateau des Tuileries dont les plans sont dessinés en 1564 par Philibert Delorme. Sa construction est suspendue quelques années plus tard.
Vue perspective et générale du Louvre, c?té Seine
Musée du Louvre / P. Philibert
En 1566, Charles IX commence les travaux de construction du rez-de-chaussée de la Petite Galerie destinée à servir de point de départ pour un long couloir reliant le Louvre aux Tuileries, le long de la Seine. L'aménagement d'une liaison entre les deux édifices commence à voir le jour.
La Grande Galerie du bord de l'eau sous Henri IV - I. Silvestre, vers 1650
Paris, Musée Carnavalet
Henri IV, entre 1595 et 1610 fait édifier la Galerie du bord de l'eau, très long passage qui relie directement les appartements du roi au Louvre aux Tuileries se terminant par le Pavillon de Flore. Le batiment s'étire sur 450 m et pour éviter trop de monotonie, on en confie la réalisation à deux architectes : Louis Métezeau, c?té est et Jacques II Androuet du Cerceau, c?té ouest. Dans le même temps, on ajoute un étage au dessus de la Petite Galerie pour y aménager la Galerie des rois.
Chapelle ardente du roi Henri IV - I. Briot, d'après Quesnel
BNF
La mort tragique du roi, le 14 mai 1610, laisse les travaux inachevés : gros oeuvre de la galerie terminé, toitures posées mais à l'intérieur, aucun décor. Trop jeune encore, Louis XIII ne s'intéressera au Louvre que près de 15 ans plus tard pour mener à bien des travaux que Louis XIV achèvera.
Les règnes de Louis XIII et Louis XIV marquent profondément les structures du Louvre et des Tuileries. Le prolongement sous Louis XIII de l'aile ouest de la Cour Carrée marque le point de départ d'un projet ambitieux qui sera mené à son terme par Louis XIV et complété sous Louis XV. Le coeur du monument prend alors l'aspect que nous lui connaissons encore de nos jours. Le désintérêt marqué par le roi après la construction de Versailles plonge le palais dans une nouvelle période de sommeil.
Chantier du vieux Louvre vers 1650 - I. Silvestre
BNF estampes
En 1625, après plus de dix ans d'arrêt, Louis XIII décide la reprise des travaux du Louvre pour réaliser le Grand Dessein imaginé par Henri IV. Il ordonne la démolition d'une partie de l'aile nord du Louvre médiéval pour prolonger l'aile Lescot dans cette direction en symétrie parfaite avec les mêmes détails de décor.
Début de la construction du Pavillon de l'Horloge et de l'aile Lemercier
Entre le nouveau et l'ancien batiment, l'architecte Jacques Lemercier place un pavillon monumental dit de l'Horloge, aujourd'hui Pavillon Sully. Son dernier étage décoré de puissantes cariatides domine l'ensemble du Louvre avec ses hautes toitures ; il servira de modèle aux autres pavillons du palais.
Appartements d'Anne d'Autriche, Antiquités romaines - Denon, rez-de-chaussée, salle 27
Musée du Louvre / A. Dequier
De 1655 à 1658, Anne d'Autriche, reine et régente pendant la minorité de Louis XIV, fait aménager un appartement d'été au rez-de-chaussée de la Petite Galerie. L'ensemble est constitué de six pièces placées, selon un principe répandu à l'époque, en enfilade : grand salon, antichambre, vestibule, grand cabinet, chambre à coucher et petit cabinet donnant directement sur la Seine. Le décor est confié à l'italien Romanelli qui se charge des fresques des plafonds, et Anguier qui réalise les stucs.
Arrière de la cour Carrée, c?té place du Louvre, donnant sur les cuisines - Musée du Louvre
Musée du Louvre, Section Histoire du Louvre - Fonds gravures / P. Philibert
En 1660, l'architecte Louis Le Vau est chargé du projet d'achèvement du Louvre : doublement de la Petite Galerie ; achèvement de l'aile nord de la Cour Carrée ; de 1661 à 1663, prolongement de l'aile sud, dotée d'un pavillon oriental, symétrique du pavillon du Roi de style Renaissance et d'un pavillon central. Dès 1668, Le Vau doublant le palais en largeur, la première fa?ade de l'aile sud, face à la Seine, terminée en 1663, dispara?t au profit d'une nouvelle fa?ade. Les derniers restes du Louvre médiéval sont démolis.
Vue de la galerie d'Apollon
Musée du Louvre / A. Dequier
Le 6 février 1661, un incendie ravage l'étage de la Petite Galerie. Tandis que Louis Le Vau dirige les travaux de reconstruction, Charles Le Brun, à la demande de Louis XIV, le Roi-Soleil, compose, à partir de 1663, un décor consacré à la course du soleil sous les traits d'Apollon, dieu antique de la lumière et du soleil, à travers le temps et l'espace. De ce décor inachevé, subsistent en place, trois compositions peintes aux voussures par Le Brun et les grandes sculptures en stuc.
L'un des projets du Bernin pour la construction du Louvre
Musée du Louvre / D. R.
En 1665, le roi confie le projet de construction de l'aile orientale de la Cour Carrée au Cavalier Bernin ; l'accès principal de sa résidence doit être à la hauteur de ses ambitions, mais des deux projets successifs du Bernin, aucun ne voit le jour : le roi fait stopper la construction.
La colonnade du Louvre - S. Leclerc
Musée du Louvre / P. Philibert
En 1667, une commission à laquelle appartient le médecin Claude Perrault décide de l'édification de la colonnade : face à la ville, une fa?ade monumentale dominée par un péristyle à colonnes doubles occupe tout l'étage. Le gros oeuvre est terminé en 1672, tandis que le roi délaisse peu à peu le Louvre pour Versailles, laissant l'ensemble inachevé.
Louis XIV quitte définitivement les Tuileries et le Louvre
L'aménagement progressif de Versailles, où le roi s'installe définitivement en 1678, marque, sur ordre de Colbert, l'arrêt des travaux dans les résidences parisiennes. Les batiments de la Cour Carrée sont laissés en l'état, sans toitures et ouverts à tous vents ; ils le resteront presque un siècle.
Transfert des collections de sculpture antique dans la salle des Caryatides
En 1692, Louis XIV ordonne l'installation des sculptures antiques dans la salle des Caryatides. La même année, le palais déserté par la cour re?oit de nouveaux occupants. Après l'Académie fran?aise et celle des Inscriptions et Belles Lettres, l'Académie royale de Peinture et de Sculpture s'y installe ; elle y restera jusqu'en 1792. Sept ans plus tard, en 1699, l'Académie organise au Louvre le premier d'une longue série de salons : ils attireront des foules de visiteurs.
Le Salon de 1699 dans la Grande Galerie - Gravure illustrant l'almanach publié en 1700 chez N. Langlois
BNF
En 1699, les artistes membres de l'Académie royale de Peinture et de Sculpture (fondée en 1648) exposent pour la première fois au Louvre, dans la Grande Galerie. A partir de 1725, cette manifestation se déroule dans le Salon Carré, près des locaux de l'Académie : l'exposition sera nommée le ? Salon ?.
Pierre-Antoine DE MACHY - Paris, 1723 - Paris, 1807 - Vue de la colonnade. Inv. 6414, Peintures
Musée du Louvre / A. Dequier - M. Bard
A partir de 1756, Louis XV ordonne la reprise des travaux au Louvre. Ils vont permettre l'achèvement partiel des ailes baties sous Louis XIV. On pose enfin les toitures définitives au nord, à l'est et au sud et parallèlement, on commence la démolition des immeubles situés aux pieds de la colonnade qui, enfin dégagée, s'affirme dans toute sa monumentalité. On entame aussi à ce moment l'arasement de toute une série d'édifices parasitaires installés dans la Cour Carrée.
Le Louvre consacré par décret à la "réunion de tous les monuments des sciences et des arts"
En 1791, par décret de l'Assemblée, le Palais du Louvre est dévolu à la ?réunion de tous les monuments des sciences et des arts?.
Jean-Jacques LAGRENéE le Jeune - Paris, 1739 - Paris, 1821 - Allégorie relative à l'établissement du Muséum dans la Grande Galerie du Louvre. 1783. RF 1998-6, Peintures
Musée du Louvre / A. Dequier - M. Bard
Le Museum central des Arts ouvre ses portes le 10 ao?t 1793. Placé sous l'autorité du ministre de l'Intérieur, il est administré par les peintres Hubert Robert, Fragonard, Vincent, le sculpteur Pajou et l'architecte de Wailly. Gratuit, il est ouvert en priorité aux artistes, et au public en fin de semaine. Les oeuvres, pour la plupart des peintures des collections royales ou des saisies des biens des émigrés sont disposées dans le Salon Carré et la Grande Galerie.
Au début de la Révolution, le Louvre entame une phase d'intenses transformations. Louis XVI s'installe pour trois ans aux Tuileries, puis la Convention lui succède. En 1793, le Museum central ouvre au public dans la Grande Galerie et le Salon Carré. D'année en année, le musée s'étend : les appartements d'été d'Anne d'Autriche accueillent les sculptures antiques, puis naissent les salles du musée Charles X et de nombreux espaces. Les collections envahissent peu à peu l'édifice.
SWEBACH Jacques Fran?ois Joseph - Arrivée au Louvre des trésors d'art de la Grande Armée. RF 6061, Arts graphiques
R.M.N.
Les traités de Tolentino et Campo Formio attribuent à la France les plus belles pièces des collections pontificales et de Venise. Tableaux et antiques sont acheminés en grande pompe au Louvre. Dès lors le musée ne cessera de s'enrichir des conquêtes de Napoléon. Le Musée Napoléon est dirigé par Denon à partir de 1802 et l'année suivante le buste de l'Empereur par Bartolini en domine l'entrée. A la chute de l'Empire en 1815, chacune des nations vient récupérer son bien et le musée est démantelé.
ZIX Benjamin - Visite aux flambeaux faite par l'Empereur et l'Impératrice. Inv. 33406, Arts graphiques
R.M.N.
Le 9 novembre 1800, anniversaire du coup d'Etat du 18 brumaire, Bonaparte et Joséphine inaugurent le musée des Antiques, aménagé dans l'ancien appartement d'été d'Anne d'Autriche, au rez-de-chaussée du Palais, dont le sol peut supporter le poids des marbres. On y admire les antiques provenant du Vatican, du musée du Capitole et de Florence, mais aussi des anciennes collections royales ou d'émigrés.
ZIX Benjamin - Mariage de Napoléon et de Marie-Louise, le 2 avril 1810. Inv. 33402, Arts graphiques
R.M.N.
L'architecte Fontaine est chargé d'agrandir le musée et d'embellir le palais : un escalier monumental dessert le Salon Carré et la Grande galerie dont la vo?te percée de fenêtres crée un éclairage zénithal. Les ailes de la Cour Carrée sont en chantier pour unifier et décorer les fa?ades. Des escaliers s'élèvent à chaque extrémité de la Colonnade dont le pavillon central re?oit une porte de bronze et un tympan. Une aile part des Tuileries le long de la rue de Rivoli pour rejoindre le Louvre.
Arc de triomphe du Carrousel et Nouveau Louvre
Musée du Louvre / Pierre Philibert
En 1806, Percier et Fontaine édifient, dans l'axe du pavillon de l'Horloge et du pavillon central des Tuileries, un petit arc de triomphe, inauguré en 1808. Denon con?oit un décor de bas-reliefs et de statues à la gloire des armées victorieuses. Au sommet, il fait placer les chevaux de bronze antiques de la basilique Saint-Marc de Venise, qui y retourneront en 1815.
Musée Royal des antiques, Galerie d'Angoulême, salle G. Pilon. Album Clarac
Musée du Louvre / Pierre Philibert
En 1824, est créé le "musée de Sculpture moderne", au rez-de-chaussée de l'aile ouest de la Cour Carrée, entre le pavillon de l'Horloge et celui de Beauvais, dans ce qu'on appela la "Galerie d'Angoulême". Les sculptures, provenant du musée des Monuments fran?ais, mais aussi de Versailles, sont disposées dans cinq salles, décorées par l'architecte Fontaine.
Portrait de J.F. Champollion par Léon COGNIET, 1831. Peintures
Musée du Louvre / A. Dequier
Fondateur de l'égyptologie, Jean-Fran?ois Champollion (1790-1832) découvre en 1822 les principes de l'écriture hiéroglyphique, publiés deux ans plus tard dans son Précis. Après avoir organisé le musée égyptien de Turin (1824), Champollion est nommé le 15 mai 1826 conservateur de la nouvelle section des antiquités égyptiennes du Louvre qu'il organise.
Joseph AUGUSTE - La Salle des Bijoux (XIXe siècle) - RF 3630, Peintures
Musée du Louvre / A. Dequier - M. Bard
En 1827, est inauguré le musée Charles X au 1er étage de l'aile méridionale de la Cour Carrée. Y sont présentés des antiquités égyptiennes, des bronzes antiques, des vases étrusques et des objets d'art médiévaux et de la Renaissance. Les salles sont décorées de plafonds peints. La même année est ordonnée la création d'un Musée de la Marine. Installé tout d'abord au premier étage, il est ensuite logé au second étage de l'aile nord de la Cour Carrée. Il y demeure jusqu'en 1943.
Galerie espagnole de Louis-Philippe
Peu exposé en France avant la Révolution, l'art espagnol est révélé au public du Louvre grace à l'ouverture de la Galerie espagnole de Louis-Philippe. Installée au Louvre de 1838 à 1848 - avant d'être dispersée à Londres en 1853 - celle-ci offre au regard des visiteurs plus de quatre cents tableaux dont l'influence sera très importante sur des artistes tels que Corot ou Manet.
Une salle du musée assyrien, 1848
Musée du Louvre / Pierre Philibert
Le 1er mai 1847 est inauguré le premier Musée assyrien d'Europe qui occupe deux salles dans l'aile nord de la Cour Carrée. Il a été créé grace à l'envoi de Paul-Emile Botta (1802-1870), consul de France à Mossoul.
Le musée ethnographique du Louvre, 1863
Musée du Louvre / Pierre Philibert
L'engouement pour les mondes lointains, et surtout pour l'étude scientifique des productions artisanales, entra?ne, en 1850, la création du musée mexicain - installé au rez-de-chaussée de la Cour Carrée - ainsi que des musées algérien et ethnographique, distincts du musée de la Marine, au second étage du pavillon de Beauvais.
Eugène DELACROIX - Charenton-Saint-Maurice (Val-de-Marne), 1798 - Paris, 1863 - Apollon vainqueur du serpent Python. Inv. 3818, Peintures
Musée du Louvre / A. Dequier
A l'époque du Prince-Président, d'importants travaux d'aménagement sont menés. Félix Duban est chargé en 1848 de la restauration complète de la Galerie d'Apollon dont il fait achever le décor ; en 1851, on pose le compartiment central de la vo?te peint par Delacroix. Dans le même temps, Duban aménage la Salle des Sept-Cheminées avec l'imposant décor de sa vo?te ainsi que le Salon Carré. Le musée gagne trois espaces dont le décor est de première importance.
Victor CHAVET - Pourcieux, 1822 - Le Creusot, 1906 - Le Louvre de Napoléon III. Inv. 20048, Peintures
R.M.N. / J. L'Hoir, J. Popovitch
Visconti, puis Lefuel à sa mort en 1854, sont chargés par Napoléon III des travaux d'achèvement de la liaison Louvre Tuileries, c?té Nord. Le projet repose sur la construction de batiments le long de la rue de Rivoli, prolongeant ceux élevés sous Napoléon Ier et Louis XVIII, et l'édification de deux ailes dotées de cours intérieures. La cour Napoléon, au coeur de cet ensemble, est achevée en 1857. Les décors intérieurs seront complétés jusqu'en 1861.
Visite au musée des Souverains par la reine de Hollande
Musée du Louvre / Pierre Philibert
Le 15 février 1852, à l'initiative du Prince-Président, est créé le Musée des Souverains, installé à l'étage de la colonnade. Il présente les souvenirs des dynasties régnantes (de Childéric jusqu'à Napoléon) et permet aux collections d'objets d'art de se développer de manière spectaculaire.
Reprise des travaux (pavillon de Flore, des Sessions, guichets)
En 1861, l'empereur charge Lefuel de reconstruire la partie ouest de la Grande Galerie et le pavillon de Flore qui menacent ruine. On démolit certaines parties dressées sous Henri IV pour les remplacer par des batiments copiant ceux élevés plus à l'est par Louis Métezeau : la Grande Galerie gagne en unité, elle perd la diversité voulue par ses concepteurs. Au centre de la nouvelle fa?ade sur la Seine, Lefuel aménage des guichets monumentaux, ornés d'une figure équestre de Napoléon III.
Charles GIRAUD - Musée Napoléon III, salle des terres cuites au Louvre. Peintures
Musée du Louvre / A. Dequier
Sous le Second Empire, les collections du musée connaissent de nombreux enrichissements. La principale acquisition faite à l’époque est celle de la collection Campana, en 1861. Ses 11 385 ?uvres (peintures et antiques), forment le musée Napoléon III. Dès 1863, la plupart des pièces archéologiques sont déposées au Louvre dans des salles de la Cour Carrée dont celles qui prennent le nom de Galerie Campana, les objets du marquis constituant une part importante des collections de céramiques grecques, d’antiquités étrusques et de tableaux primitifs italiens.
Incendie du pavillon de Flore, 2 octobre, vue prise depuis les bains de la Frégate
Musée du Louvre / Pierre Philibert
En mai 1871, pendant les derniers jours de la Commune de Paris, la ville est en voie d'être reprise par l'armée régulière. Des communards parcourent la ville pour préparer la destruction de l'H?tel de ville, de la Cour des comptes et du Chateau des Tuileries, symbole de la monarchie. Un incendie est allumé qui consume l'intérieur des batiments et menace le Louvre. Les vestiges du palais seront démolis, après une longue polémique, en 1883.
La disparition des Tuileries, démolies en 1882, marque l'acte de naissance du Louvre moderne : le pouvoir quitte définitivement le Louvre qui peut alors se vouer essentiellement à la culture. Seul le ministère des finances, provisoirement installé dans l'aile Richelieu au lendemain de la Commune, fait figure de corps étranger au sein du monument. A partir de cette période, le musée gagne lentement mais s?rement la presque totalité de l'énorme complexe.
Le nouveau pavillon de Marsan - M. Toussaint
Musée du Louvre / Pierre Philibert
Les pavillons de Flore et de Marsan qui faisaient partie du palais des Tuileries sont restaurés à partir de 1874. Le Pavillon de Flore sert de modèle au pavillon de Marsan qui remplace celui de Le Vau ; on double alors en largeur l'aile nord, le long de la rue de Rivoli.
Les nouvelles salles du musée Dieulafoy au Louvre, 1888 - Dessin : M. Cox
Musée du Louvre / Pierre Philibert
En 1888, on inaugure de nouvelles salles consacrées aux antiquités rapportées du site de Suse, en Iran, par les missions Dieulafoy : elles consacrent l'extraordinaire développement des collections proche-orientales du musée et marquent une étape importante dans le développement de la muséographie.
Inauguration du musée des Arts décoratifs
Créé à la suite des expositions universelles du XIXème siècle, et abrité jusqu'alors au palais de l'Industrie ou au pavillon de Flore, le musée des Arts décoratifs est inauguré le 29 mai 1905. Ses collections, gérées par l'Union centrale des Arts décoratifs (U.C.A.D.), sont déployées dans l'aile longeant la rue de Rivoli, entre les guichets du Louvre et le Pavillon de Marsan.
Musée islamique au Louvre, salle Delort de Gléon, 2e étage, 1922
Musée du Louvre / Pierre Philibert
A l'origine, les collections d'objets islamiques étaient éparpillées dans les salles d'objets d'art. Le legs, en 1912, de la Baronne Delort de Gléon, enrichit considérablement ces collections dont le regroupement est amorcé et conduit à l'ouverture en 1922, d'une salle entièrement consacrée à l'Orient islamique, située dans le d?me du Pavillon de l'Horloge.
La cour du Sphinx en 1934
Musée du Louvre / Pierre Philibert
En 1926, Henri Verne, directeur des Musées nationaux, met sur pied un projet ambitieux d'agrandissement du musée à l'intérieur du palais. Les travaux débutent en 1930 et se poursuivront pendant et après la guerre : pose d'une verrière sur la Cour du Sphinx pour exposer les sculptures antiques ; ouverture de salles de sculpture européenne dans l'aile de Flore et de salles d'objets d'art et de peintures dans la Cour Carrée ; aménagement complet des salles des Antiquités égyptiennes et orientales.
Emballage de la Vénus de Milo, 1939
Musée du Louvre / Pierre Philibert
Dès la déclaration de guerre (septembre 1939), les collections du musée sont évacuées à l'exception des plus pondéreuses protégées par des sacs de sable. Les oeuvres sont tout d'abord expédiées au chateau de Chambord avant d'être réparties dans de très nombreux lieux, des chateaux surtout. Par mesure de sécurité, les oeuvres sont transférées souvent plusieurs fois. Bien que vidé, où ne pouvant présenter que des moulages, le Louvre rouvre ses portes sous l'Occupation, en septembre 1940.
Musée de la marine au Louvre, salle des Galères, avant 1943
Musée du Louvre / Pierre Philibert
Dans le cadre du plan Verne, les collections ne cessant d'augmenter, le musée de la marine est destiné à trouver un lieu plus vaste. Rattachées en 1919 au Service historique du Ministère de la Marine, les collections quittent définitivement le Louvre en 1943 pour trouver place dans une aile du nouveau palais de Chaillot.
Vitrine du musée asiatique Grandidier au Louvre
Musée du Louvre, Section Histoire du Louvre / Pierre Philibert
En 1945, alors qu'est établi un nouveau plan de regroupement des collections nationales, les collections asiatiques jusqu'alors conservées au Louvre (notamment les donations Isaac de Camondo, Raymond Koechlin, Grandidier, ainsi que le legs Marteau) sont transférées au musée Guimet à Paris, place d'Iéna.
L'ancienne salle de jeu construite au nord-ouest du jardin des Tuileries (1861), après avoir accueilli différentes expositions, devient en 1947 une annexe du Louvre en accueillant le Musée de l'Impressionnisme. L'espace venant à manquer, le 18 ao?t 1986, le musée ferme ses portes et les collections sont transférées au musée d'Orsay.
Georges BRAQUE - Argenteuil (Val-d'Oise), 1882 - Paris, 1963 - Les Oiseaux. Inv. 20378, inv. 20379, inv. 20380, Peintures
Musée du Louvre / A. Dequier
L'ancienne antichambre du roi conserve toujours son plafond d'origine richement sculpté, réalisé en 1557 par le menuisier Scibec de Carpi. Un décor peint, Les Oiseaux, est commandé au peintre cubiste, Georges Braque (1882-1963) pour venir orner les trois compartiments de ce plafond, décor inauguré en 1953.
L'exposition Europe gothique au pavillon de Flore, 1968
Musée du Louvre, Section Histoire du Louvre / P. Philibert
En 1961, le pavillon de Flore est abandonné par le ministère des Finances. Le département des sculptures investit le rez-de-chaussée et le sous-sol, les peintures, dans le prolongement de la Grande Galerie, occupent le 1er étage, tandis que les dessins investissent le second étage. Enfin le laboratoire prend place dans les étages supérieurs. Le retour de cette partie du palais au musée devient effectif en 1968, célébré par l'inauguration, la même année, de l'exposition sur l'Europe gothique.
En 1964, André Malraux, ministre de la culture, ordonne le creusement de fossés devant la Colonnade de Perrault. Reprenant un modèle souvent utilisé dans l'architecture fran?aise à l'époque classique, ils ne répondent pas à un projet ancien : Louis XIV n'en a sans doute jamais envisagé l'aménagement.
Eclaté du projet Grand Louvre, 1980
E.P.G.L / Louvre
L'amélioration des installations du Musée et une meilleure présentation des collections sont une évidente nécessité, lorsque, le 26 septembre 1981, le président de la République, Fran?ois Mitterrand annonce que le Palais du Louvre sera entièrement dévolu au Musée. Le Ministère des Finances, logé jusque-là dans l'aile Richelieu, est transféré dans de nouveaux locaux. Le projet ? Grand Louvre ?, qui va entra?ner un remodelage complet du Musée, est lancé.
Fouilles archéologiques dans la Cour Napoléon, 1983-1998
EPGL-Louvre / P. Thomas - P. Charniot
Le 2 novembre 1983, l'Etablissement public du Grand Louvre (EPGL) assume la charge effective de la conduite des travaux. L'architecte américain d'origine chinoise, Ieoh Ming Pe?, célèbre pour ses nombreuses réalisations et notamment celle de la nouvelle aile de la National Gallery à Washington, est désigné pour mener à bien l'agrandissement et la modernisation du Louvre. Des fouilles archéologiques précèdent l'aménagement du sous-sol de la Cour Napoléon et la construction de la pyramide.
Le musée d'Orsay est inauguré le 9 décembre 1986 ; installé dans l'ancienne gare d'Orsay batie par Lalou en 1900, le musée présente, dans toute sa diversité, la seconde moitié du XIXe siècle avec des oeuvres allant de 1848 à la naissance du cubisme. Le musée fait ainsi la transition entre, les collections du Louvre - dont il récupère les oeuvres des artistes nés entre 1820 et 1870 et celles du musée d'Art moderne. Y sont également transférées les oeuvres provenant du musée du Jeu de Paume.
Ouverture du Hall Napoléon, 1989
Musée du Louvre
Le 30 mars 1989 est inaugurée la Pyramide de verre construite par I. M. Pe?. Erigée au centre de la Cour Napoléon, elle détermine les grands axes de circulation du palais et conduit en sous-sol à un vaste hall d'accueil d'où l'on accède aux espaces dévolus aux expositions temporaires, aux salles relatant l'histoire du Palais et du musée, ainsi qu'aux fossés du Louvre de Charles V, à un auditorium et enfin à différents services pour les visiteurs (vestiaires, librairie, cafétéria, restaurant).
Cour Marly - aile Richelieu, Entresol
Musée du Louvre / Pierre Philibert
Le 1er janvier 1993, le Louvre devient établissement public attaché au ministère de la culture ; le changement de statut permet au musée de jouir d'une plus grande autonomie. La même année voit l'ouverture au public de l'Aile Richelieu qui constitue son plus important agrandissement depuis sa fondation deux siècles plus t?t. La couverture des trois cours intérieures permet l'aménagement d'espaces monumentaux adaptés à la présentation de pièces de grandes dimensions, les départements des peintures et des objets d'art augmentent considérablement leur superficie alors que les arts d'islam disposent enfin de salles permanentes. Quelques temps plus tard, on inaugure les galeries du Carrousel, vaste espace commercial situé aux portes du musée ainsi qu'un parking public destiné aux visiteurs.
Le musée conna?t en 1997 de nouveaux aménagements importants autour de la Cour Carrée avec l'inauguration des salles de l'aile Sackler (Antiquités orientales) et surtout l'ouverture des deux étages totalement réaménagés du département des Antiquités égyptiennes qui double sa superficie d'exposition. Le projet de réaménagement de la Salle des Etats est alors lancé, comme celui de la création de nouvelles salles dites ? des trois antiques ? creusées sous la cour Visconti.
En 1998, l'Ecole du Louvre s'installe dans l'aile de Flore (5000 m2) où se trouvaient les anciennes collections de sculpture.
En 1996, le Président de la République, Jacques Chirac, décide que soit créé un musée des Arts des civilisations et qu'une sélection de chefs d'oeuvre soit présentée au Louvre. Le rez-de-chaussée de l'ancien pavillon des Sessions est alors choisi pour montrer ces oeuvres provenant d'Afrique, d'Asie, d'Océanie et des Amériques. Les salles, aménagées par J. M. Wilmotte, ont été inaugurées en avril 2000, constituant ainsi l'antenne du futur musée du quai Branly.
Le département des arts de l'Islam
L'aménagement du département des Arts de l'Islam conna?t une étape décisive avec l'annonce le mardi 26 juillet 2005, par le Président de la République, du projet architectural lauréat des salles du 8e département du Louvre. Il s'agit de celui des architectes Rudy Ricciotti et Mario Bellini. Le département des Arts de l'Islam s'installera dans les nouveaux espaces de la cour Visconti.
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