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专家:《将进酒》读jiāng,而不是qiang,李白诗歌法语版

李白的《将进酒》诗,几乎人人读过,甚至能背诵。但这里“将”字的读音,却存在不同意见。按本字应该读jiāng,但课本却告诉我们读qiāng。究竟哪个正确?对此,叶嘉莹先生表示,这个字从来都读jiāng!来听听她怎么说。


叶嘉莹先生吟诵《将进酒》

今天,让我们来学习一下唐代著名诗人李白和杜甫的诗歌法文版,由法国汉学家翻译。

李 白

李白 . 静夜思

Pensée dans une nuit tranquille

床头明月光,

疑是地上霜。

举头望明月,

低头思故乡。

展开剩余96%

Devant mon lit j'aperçois un rayon de lune

Je me demande si le givre a recouvert le sol

Je lève la tête et je regarde la lune

Je baisse la tête et je songe à mon pays.

(Traduction: Renaud Bouret) ■

李 白

李白 . 将进酒

Chanson à boire

君不见黄河之水天上来,

奔流到海不复回。

君不见高堂明镜悲白发,

朝如青丝暮成雪。

人生得意须尽欢,莫使金樽空对月。

天生我才必有用,千金散尽还复来。

烹羊宰牛且为乐,会须一饮三百杯。

岑夫子,丹丘生,将进酒,杯莫停。

与君歌一曲,请君为我倾耳听。

钟鼓馔玉何足贵,但愿长醉不愿醒。

古来圣贤皆寂寞,唯有饮者留其名。

陈王昔时宴平乐,斗酒十千恣欢谑。

主人为何言少钱,径须沽取对君酌。

五华马,千金裘。呼儿将出换美酒。

与尔同销万古愁。

Seigneur, ne voyez-vous donc point les eaux du fleuve Jaune?

Elles descendent du ciel et coulent vers la mer sans jamais revenir.

Seigneur, ne regardez-vous donc point dans les miroirs qui ornent votre noble demeure,

Et ne gémissez-vous pas en apercevant vos cheveux blancs?

Ils étaient ce matin comme les fils de soie noire,

Et, ce soir, les voilà déjà mêlés de neige.

L’homme qui sait comprendre la vie doit se réjouir chaque fois qu’il le peut,

En ayant soin que jamais sa tasse ne reste vide en face de la lune.

Le ciel ne m’a rien donné sans vouloir que j’en fasse usage;

Mille pièces d’or que l’on disperse pourront de nouveau se réunir.

Que l’on cuise donc un mouton, que l’on découpe un bœuf, et qu’on soit en joie;

Il faut qu’ensemble aujourd’hui, nous buvions d’une seule fois trois cents tasses.

Les clochettes et les tambours, la recherche dans les mets ne sont point choses nécessaires,

Ne désirons qu’une longue ivresse, mais si longue qu’on n’en puisse sortir.

Les savants et les sages de l’Antiquité n’ont eu que le silence et l’oubli pour partage;

Il n’est vraiment que les buveurs dont le nom passe à la postérité.

(Traduction de Hervey-Saint-Denys)■

李 白

李白 . 子夜四时歌

La chanson des quatre saisons

一:春歌

秦地罗敷女 采桑绿水边

素手青条上 红妆白日鲜

蚕饥妾欲去 五马莫留连

二:夏歌

镜湖三百里 菡萏发荷花

五月西施采 人看隘若耶

回舟不待月 归去越王家

三:秋歌

长安一片月 万户捣衣声

秋风吹不尽 总是玉关情

何日平胡虏 良人罢远征

四:冬歌

明朝驿使发 一夜絮征袍

素手抽针冷 那堪把剪刀

裁缝寄远道 几日到临洮

Dans le pays de Qin, la charmante Luofu

Cueillait des feuilles de mûrier, aux bords d’une eau transparente,

Ses blanches mains posées sur les branches vertes,

Son teint resplendissant illuminé par un beau soleil.

Elle disait: Les vers à soie ont faim, le soin de les nourrir m’appelle;

Il ne faut pas, seigneur, que vos cinq chevaux piétinent plus longtemps ici.

Sur le lac Jinghu qui a trois cents li de tour,

Quand les fleurs du nénuphar s’épanouissent,

On est alors au cinquième mois, et les jeunes filles vont les cueillir.

Si nombreux sont les spectateurs que la rive en paraît étroite.

Les bateaux n’attendent plus la lune, pour les guider à leur retour;

Ils s’en reviennent en plein jour au palais du roi de Yue.

La lune ne jette qu’une lueur incertaine,

Les coups mille fois répétés, que frappe le battoir des laveuses,

Se mêlent au gémissement du vent d’automne.

Cette triste harmonie s’accorde avec de tristes pensées.

Hélas! quand donc aura-t-on pacifié les barbares!

Quand donc l’époux bien-aimé cessera-t-il de combattre au loin!

Un courrier part demain de grand matin pour la frontière;

La nuit se passe à doubler chaudement des habits.

De jolis doigts ont pris bravement l’aiguille glacée;

Mais ces ciseaux plus froids encore, que de courage pour les saisir!

Enfin tout est taillé, tout est cousu; l’ouvrage est confié au courrier qui s’éloigne.

Combien de jours lui faudra-t-il pour arriver à Lintao?

(Traduction de Hervey-Saint-Denys) ■

李 白

下终南山过斛斯山人宿置酒

Le poète descend du mont Zhongnan et passe la nuit à boire avec un ami

暮从碧山下

山月随人归

却顾所来径

苍苍横翠微

相携及田家

童稚开荆扉

绿竹入幽径

青萝拂行衣

欢言得所憩

美酒聊共挥

长歌吟松风

曲尽河星稀

我醉君复乐

陶然共忘机

Le soir étant venu, je descends de la montagne aux teintes bleuâtres;

La lune de la montagne semble suivre et accompagner le promeneur,

Et s'il se retourne pour voir la distance qu'il a parcourue,

Son regard se perd dans les vapeurs de la nuit.

Nous arrivons en nous tenant par la main devant une rustique demeure,

Un jeune garçon nous ouvre la barrière formée de rameaux entrelacés;

Nous passons par un étroit sentier dont les bambous touffus rendent l'entrée mystérieuse,

Et les grandes herbes verdoyantes frôlent gaiement la soie de nos vêtements.

Ma joie éclate de nous trouver ensemble dans cette retraite charmante,

Nous nous versons l'un à l'autre un vin d'une saveur exquise;

Je chante, je chante la chanson du vent qui souffle à travers les pins,

Et ma verve ne s'épuise qu'à l'heure où s'efface la voie lactée.

J'ai perdu ma raison et cela excite encore votre gaieté, mon prince;

Nous oublions tous deux, avec délices, les préoccupations de la vie réelle.

(Traduction de Hervey-Saint-Denys) ■

杜 甫

杜甫 . 春望

En regardant le printemps

国破山河在,城春草木深。

感时花溅泪,恨别鸟惊心。

烽火连三月,家书抵万金。

白头搔更短,浑欲不胜簪。

Le pays est dévasté, il ne reste plus que les monts et les fleuves

Dans la ville, le printemps est un fouillis de feuilles et d'herbes

Les fleurs affligées laissent tomber leurs larmes

Agités par les séparations, les oiseaux sont éperdus.

Les feux d'alarme ont brûlé sans cesse pendant trois mois

On donnerait dix mille pièces d'or pour des nouvelles du foyer

Je gratte ma tête chenue, il me reste si peu de cheveux

Que bientôt les épingles ne les retiendront plus.

(Traduction de Georgette Jaeger) ■

杜 甫

杜甫 . 佳人

Une belle jeune femme

绝代有佳人,幽居在空谷。

自云良家女,零落依草木。

关中昔丧乱,兄弟遭杀戮。

官高何足论,不得收骨肉。

世情恶衰歇,万事随转烛。

夫婿轻薄儿,新人美如玉。

合昏尚知时,鸳鸯不独宿。

但见新人笑,那闻旧人哭。

在山泉水清,出山泉水浊。

侍婢卖珠回,牵萝补茅屋。

摘花不插发,采柏动盈掬。

天寒翠袖薄,日暮倚修竹。

Il est une femme qui, par sa beauté, l’emporte sur les générations passées, comme sur la génération présente;

Elle vit dans la solitude, au fond d’une vallée déserte.

Elle se dit: Je suis fille d’une maison illustre;

Tombée dans le malheur, c’est aux lieux sauvages que je demande un asile.

De grands désastres ont ensanglanté ma patrie,

Mes frères aînés et mes frères cadets sont morts égorgés;

Ils étaient grands, ils étaient puissants parmi les hommes,

Et je n’ai pas même pu recueillir leur chair et leurs os pour les ensevelir.

Les sentiments du siècle sont de fuir et de haïr tout ce qui tombe,

Se croire assuré de quelque chose, c’est compter sur la flamme d’une lampe qu’on promène au vent.

Mon époux n’a ni force ni grandeur; il est comme les gens du siècle;

Que sa nouvelle épouse soit belle comme le jade, et cela lui suffit.

L’oiseau yuan n’abandonne jamais sa compagne:

La fleur du soir est toujours fidèle à la nuit.

Mon époux! Il a devant les yeux le sourire de sa nouvelle femme;

Est-ce qu’il entendrait les pleurs de celle qu’il ne voit pas!

L’eau de source se maintient pure, tant qu’elle demeure dans la montagne;

Mais qu’elle s’épanche au-dehors, elle perd bientôt sa limpidité.

J’envoie mes femmes vendre au loin les perles de ma parure,

Et ne m’adresse qu’aux plantes grimpantes, pour réparer ma maison de roseaux.

Mes femmes m’apportent des fleurs, je refuse d’en orner ma chevelure;

Ce que je prends à pleines mains ce sont des branches de cyprès.

Le ciel est froid. Les manches de ma robe bleue sont légères.

Quand le soleil se couche, je cherche un abri sous les grands bambous.

(Traduction de Hervey-Saint-Denys) ■

杜 甫

杜甫 . 天末怀李白

À l'autre bout du monde en pensant à Li Bai

凉风起天末,君子意如何。

鸿雁几时到,江湖秋水多。

文章憎命达,魑魅喜人过。

应共冤魂语,投诗赠汨罗。

Le vent qui souffle sous ces cieux est froid

Dis-moi à quoi tu penses, mon ami

Les oies sauvages ne m'apportent aucune nouvelle

Les fleuves et les lacs sont gonflés de pluie d'automne.

Hélas, les poètes sont méconnus ici-bas

Les esprits des montagnes se moquent des voyageurs

Joins tes plaintes à celles du malheureux fantôme

Jette un poème pour lui dans la Miluo.

(Traduction de Georgette Jaeger) ■

杜 甫

杜甫 . 月夜

Nuit de lune

今夜鄜州月,闺中只独看。

遥怜小儿女,未解忆长安。

香雾云鬟湿,清辉玉臂寒。

何时倚虚幌,双照泪痕干!

La lune brillera ce soir sur Fuzhou

Ma femme sera seule à la fenêtre pour la contempler

De loin, je plains aussi nos enfants

Trop jeunes encore pour penser à Chang'an.

Le nuage de ses cheveux parfumés est humide de brume

Ses bras de jade sont frais dans la clarté lunaire

Quand nous retrouverons-nous devant les rideaux ajourés

Laissant le clair de lune sécher les traces de nos larmes?

(Traduction de Georgette Jaeger)■

杜甫 . 梦李白

Le poète voit en songe son ami Li Bai

死别已吞声,生别常恻恻。

江南瘴疠地,逐客无消息。

故人入我梦,明我常相忆。

君今在罗网,何以有羽翼?

恐非平生魂,路远不可测。

魂来枫林青,魂返关塞黑。

落月满屋梁,犹疑照颜色。

水深波浪阔,无使蛟龙得。

浮云终日行,游子久不至。

三夜频梦君,情亲见君意。

告归常局促,苦道来不易。

江湖多风波,舟楫恐失坠。

出门搔白首,若负平生志。

冠盖满京华,斯人独憔悴。

孰云网恢恢,将老身反累。

千秋万岁名,寂寞身后事。

I

Si c’est la mort qui nous sépare, je devrais rendre ma douleur muette;

Si nous ne sommes séparés que par la distance, mon chagrin doit élever la voix.

Hélas! le climat du Jiangnan est le plus meurtrier des climats;

Et mon ami est dans le Jiangnan, et je suis sans nouvelles de lui.

Mon ami m’est apparu en songe,

Car nos esprits se cherchent constamment;

Mais l’esprit qui m’a visité, était-ce l’esprit d’un homme vivant?

La route de Jiangnan est si longue que ce doute cruel ne peut, de longtemps, être éclairci.

L’ombre s’est avancée, au milieu d’un bois verdoyant;

Puis je l’ai vu s’éloigner, et franchir de sombres barrières.

O mon ami! m’écriai-je, vous qui étiez dans les liens,

Où donc avez-vous pris des ailes, pour voler aujourd’hui près de moi?

Je m’éveillai. La lune inondait ma chambre de sa blanche lumière;

Puis-je espérer qu’elle éclaire aussi celui dont je suis séparé!

Et, s’il a recouvré sa liberté, que de dangers le menacent encore!

Les barques sont si fragiles, les monstres marins si féroces et les flots si profonds!

(Traduction de Hervey-Saint-Denys)

II

Jusqu'au soir, je regarde les nuages qui passent

Voyageur, mon ami, tu n'es pas revenu depuis longtemps

Trois nuits de suite, j'ai rêvé de toi

L'affection que je te porte me fait partager tes pensées.

Tu semblais dire que tu hésitais à revenir

La route t'avait paru si difficile à l'aller

Il y a des tempêtes sur les lacs et les fleuves

Tu craignais que ton frêle bateau ne soit emporté.

Alors, tu es parti, grattant ta tête blanche

Comme si le poids de la vie te paraissait trop lourd

La capitale est pleine d'hommes qui font carrière

Toi seul, tu es plongé dans l'affliction et le malheur.

Qui dit que les mailles du filet du Ciel sont lâches?

Voici un homme vieillissant qui s'y est pris

Une gloire de mille, de dix mille années

À quoi peut-elle nous servir après la mort? 

(Traduction de Georgette Jaeger)

■ 诗 歌 ■

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